La
Terre et les hommes | Le Territoire et l’habitat| Le Territoire
Il n’est pas possible d’avoir des descriptions
détaillées de telle ou telle région de la CORSE au 17ème, par contre
le 18ème nous a donné le plan TERRIER[1] qui va nous être très utile.
D’autre part, il faut
faire la distinction entre le territoire de BASTELICA même, c'est-à-dire le
village et les terres qui l’entourent dans les limites de la communauté, et la
plaine de BASTELICA, qui est un territoire mal délimité, contesté par AJACCIO.
Le TERRIER fait cette
distinction entre les mots :
Commune « Territoire dépendant d’une ou plusieurs communautés, employé pour BASTELICA à la plaine. »
Communauté « Qui a la personnalité juridique. »
Notre étude
couvrira ces deux territoires.
Ces précisions
apportées, il s’agit à présent de dresser le cadre géographique de notre étude.
Limites du territoire :
La communauté de BASTELICA est limitée
Au levant par celles de
GHISONI, PALNECA, CIAMANACCIO,
Au midi par celles de
QUASQUARA, Sainte-Marie SICCHE,
Au couchant par celles
de CAURO, ECCICA-SUARELLA, TOLLA,
Au nord par celles de
BOCOGNANO et TAVERA.
Elle est la plus
importante par sa superficie et sa population.
Bien sûr, ces limites
sont sujet à contestation et le auteurs du TERRIER notent une contestation
entre les habitants de Sainte-Marie SICCHE et ceux de BASTELICA.
D’après l’examen des
titres réciproques, la nature des lieux et la connaissance du terrain, le
géomètre a cru devoir adapter et tracer provisoirement sur le plan les limites
en faveur de BASTELICA.
La commune de BASTELICA à la plaine est limitée
Au levant par celles d’
OCANA, ECCICA-SUARELLA
Au midi par celles de
GROSSETTO à la plaine,
Au couchant par celles
d’AJACCIO et de la MEZZANA,
Au nord par celles de
MEZZANA, CUTTOLI et CORTICCHIATO
Le TERRIER indique que
« les gens de la commune de BASTELICA à la plaine et ceux des communautés
limitrophe ont été d’accord sur les limites ».
Il ressort de cette
étude que la communauté et sa plaine n’ont pas de limite commune ? Cela
veut dire que pour aller d’un territoire à l’autre, il faudra traverser
d’autres communautés avec tous les problèmes juridiques et économiques que cela
peut comporter.
Description du territoire.
Léonard de
Saint-GERMAIN[2]
: « près de l’embouchure de la GRAVONA, est une plaine de médiocre
étendue, mais fortement cultivée, fécondée par les limons du cours de la
GRAVONA…….la fertilité du sol est proverbiale ».
Le TERRIER est plus
nuancé sur cette plaine de BASTELICA :
« Le sol y est
généralement pierreux et médiocre dans
les parties montantes de la commune. Dans les parties basses, il est composé
d’un limon pas très propice à la culture, l’air est généralement mauvais dans
tout te territoire et très malsain dans les parties basses. Pour l’eau, on compte cinq fontaines, presque tous
les ruisseaux sont à sec l’été ou ils se perdent d ans
de petits marais.
On y trouve des espèces
d’arbres les plus communes, quelques chênes verts épars et des arbrisseaux
sauvages (arbousiers, myrthes, lentisques)
Ce territoire, malgré
les inconvénients climatiques, représente le parfait complément d’un village de
montagne (Pâturages d’hiver et grenier à grains)
De cette plaine
littorale, la vallée remonte dans la direction O-N-O vers l’intérieur de l’île.
BASTELICA
représente un type parfait de village de moyenne montagne. Etabli dans la haute
vallée du PRUNELLI, à 771 mètres d’altitude, au centre de forêts et d’alpage,
dominé dans trois directions par des chaînes ininterrompues de sommets qui
atteignent 2000 mètres.
Ce cirque montagneux
constitue un véritable cul-de-sac. Le seul accès vers le village est la vallée
du PRUNELLI orientée vers le S-O.
Cette rivière prend sa
source à la base de la montagne principale du SCALA SOLE qui se présente
dénudée et pelée, ravinée par les eaux de pluie et la fonte des neiges, dernier
étage de la saillie du sol sur laquelle culmine le MONTE d’ORO ».
Ce caractère montagneux
est souligné par tous les historiens de la CORSE. Ainsi Ferdinand GREGOROVIUS[3] :
« cette rude contrée rocailleuse, formée par le relèvement de
puissantes masses granitiques, pleine de vallées sauvages et couronnée de pics
gigantesques que la neige blanchis ».
Le sol est rocheux, granitique, la terre est
argileuse.
Le TERRIER précise que
le sol est généralement pierreux, médiocre dans
tout le territoire, les terres des coteaux sont sujettes à être
entraînées dans les parties basses par la pente du terrain ou la rapidité des torrents.Car les eaux abondent : 58 fontaines, 4
ruisseaux qui donnent de l’eau toute l’année, dont 3 irréguliers (presque à sec
l’été, font torrent l’hiver).
Le climat est assez froid à cause de l’altitude.
BIGOT[4]
: “En été, le thermomètre ne monte au dessus de 28°, en hiver il s’abaisse
jusqu’à 8° »
Le TERRIER indique que l’air est généralement bon dans
tout le territoire, plus vif dans les hauteurs montagneuses, la meilleure
température est dans le village à mi-côte.
La végétation est
abondante. Tous les arbres croissent bien sur le territoire, les plus communs
sont les pins, hêtres, châtaigniers, chênes verts, noyers et quelques arbres à.
fruits ainsi que les arbrisseaux
sauvages (arbousiers, myrtes, lentisques).
Ce relief montagneux
avec les massifs qui dominent la haute vallée du PRUNELLI est propice à
l’élevage transhumant avec ses vastes espaces pelousés
et boisés, les grands plateaux frais qui forment d’excellents pâturages d’été.
Description du territoire.
Le territoire de
BASTELICA se caractérise par son étendue importante :
29.658 arpents[5] ,
69 verges pour la communauté même, soit 12.454 ha
4.241 arpents, 61
verges pour la plaine, soit 1.781 ha.
Nous connaissons à
présent les limites du territoire de BASTELICA et de sa plaine, son aspect
géographique, son étendue, mais ce qui caractérise un terroir, c’est encore
l’habitat, c'est-à-dire les formes de
l’implantation humaine.
[1] Plan TERRIER 1770/1793 : BASTELICA 11éme volume,
rouleaux n°s 24/25/28
[2] Léonard de Saint-GERMAIN : « Itinéraire descriptif et historique de la CORSE » page 107
[3] Ferdinand GREGOROVIUS : « Corsica » Stuttgart 1855 page 243,
Traduction BASTIA 1884
[4] Maximilien BIGOT : « Paysan Corse en
communauté : Berger, porcher des montagnes de
BASTELICA, d’après les renseignements recueillis sur les lieux en 1869. » BASTIA 1971 page 4
[5] 1 arpent = 4.220,82 m² = 0,4220 ha = 100 verges
1 verge = 20 pieds, 1 pied = 12 pouces, 1 pouce = 12 lignes