Il est difficile de
trouver des chiffres précis sur l’importance du cheptel.
BIGOT[1] :
« On y trouve des troupeaux de chèvres de deux à trois cents têtes, des troupeaux de trois cents mouton s,
des bandes de porcs, de quarante, cinquante et même cent têtes. On y élève
aussi des vaches pour en tirer des veaux, on y produit des chevaux et des mulets. »
Le même auteur détaille
ainsi le cheptel de la famille qu’il étudie : plus de 80 brebis ; 100
chèvres, 10 porcs de 2 à 3 ans, 12 cochons de moins d’un an, 2 bœufs, 2
chevaux, 1 cochon domestique, 12 poules et un coq, 3 chiens de garde.
Un acte du registre des
notaires du 17ème nous détaille une vente de bétail.
7 novembre 1644,
Bartolo de Pasquali vend au seigneur lieutenant colonel Andrea COSTA d’Alfero Geronimo de
BASTELICA demeurant à AJACCIO, 150 brebis et 200 chèvres pour un prix de 2lires
et 10 soldes par tête.
Un document de 1773
donne un état chiffré du cheptel de BASTELICA[2] :
Bétail |
Nombre |
Cabris |
655 |
Porcs |
996 |
Agneaux |
2.104 |
Laines |
7.870
Livres |
Fromages |
19.974
livres |
Les porcs ont une
importance très particulière. BIGOT (Page 5) indique que l’industrie de
l’élevage du porc est établi sur une grande échelle, chaque famille en élevant
un ou deux domestiques (appelés « mannerini »)
alors que les porcs du cheptel vivent en bandes dans les forêts.
L’importance de la
chèvre est tout aussi évidente. Malgré les dégâts qu’elle cause, elle est très
appréciée en raison de sa rusticité, ses poils servent à fabriquer le drap
corse et elle donne à la population de la communauté des laitages et des
fromages.
L’entretien des bœufs
est très coûteux et seuls, des exploitants aisés en possèdent. On remédie à
leur insuffisance par la location.
BIGOT (Page 27) :
« La famille, selon la coutume locale, loue chaque année ses deux bœufs
à quelque cultivateur de la plaine, d’octobre à février ou mars, pour faire les
labours et les semailles. C’est ce qu’on appelle les donner « a buaticu ».
Au terme de ce contrat,
la restitution des bœufs se fait à l’expiration du délai représenté par la
durée du labour, avec paiement du prix convenu, en principe en argent, en fait
en grains. Les bœufs doivent être rendus
intacts, tout dommage obligeant le preneur à une indemnisation équivalente.
Les ânes et les mulets
servent uniquement de moyen de transport.
Tous les observateurs
de l’époque s’accordent à dénoncer le mauvais état du bétail. A la fin du 18ème,
Pantin de la FIZELIRE, procureur du roi pour la juridiction de SARTENE,
remarque que « le gros comme le menu bétail est exposé aux injures de
l’air dans toute les saisons. Le maquis sert d’abord aux chevaux, aux bœufs,
aux vaches l’été. Mais en hiver, c’est un tourment de plus pour eux lorsque
tombent la pluie et la neige. On les laisse vaquer en tout temps dans quelque
enclos sans berger ni gardien…. Le menu bétail reste au « pacciale » dans le mauvais temps. C’est un lieu choisi
exprès sur le penchant de quelque colline où des arbres sauvages servent
d’abris aux moutons et brebis. »
BLANQUI[3]
abonde dans ce sens : « Au lieu d’être remisés dans des étables où
l’œil du maître aurait pu veiller à l’amélioration des races et l’augmentation
des produits, les bœufs, chèvres, moutons, chevaux, mulets, porcs n’ont jamais
cessés de vivre dans les bois… Tous ces animaux à demi sauvages sont maigres et
rabougris….Les troupeaux ne séjournent nulle part, les engrais sont nuls. »
LE TERRIER de BASTELICA
note que « les animaux domestiques sont dans un état médiocre et
abâtardis. »
[1] Maximilien BIGOT : « Paysan Corse en communauté : Berger, porcher des montagnes de BASTELICA, d’après les renseignements recueillis sur les lieux en 1869. » BASTIA 1971 pages 4 et 22
[2] Intendance ; C 59
[3] M. BLANQUI : « Rapport sur l’état économique et moral de la CORSE en 1838 » PARIS 1843 Page 29