Aspects
de la vie sociale…| Le Mode de Vie | L’Instruction
Les observateurs de
l’époque sont pratiquement tous d’accord sur un point : le peuple Corse
est dans l’ensemble très ignorant, même les notables.
On ne sait pas
grand-chose sur le degré d’instruction au 17ème siècle. Dans certains villages un notable entretient un
« rettore »
chargé de l’école du village et rémunéré en blé.
Pour. le 18ème,
on possède plus d’éléments. En consultant les registres paroissiaux de
BASTELICA, il nous est possible d’avoir une idée du degré d’instruction de ses
habitants, grâce aux signatures apposées à ces actes. On constate alors que sur
l’ensemble de la période, pratiquement[1]
aucun parrain ou marraine de baptême n’a pu écrire son nom. La formule est
toujours la même : « parrain
XXXXX qui déclare ne pas savoir écrire ».
Normalement,
l’enseignement est dispensé par les religieux, soit au Couvent, soit à l’école
du curé du village. Mais ils sont eux-mêmes très peu instruits.
Avec la monarchie
Française, il est institué que chaque communauté doit nommer un maître pour
enseigner à lire et à écrire aux enfants. Les appointements pouvant être versés
par la communauté ou par les pères de famille.
Autre preuve du faible
niveau culturel de la population. Il n’est jamais fait mention de livres dans
les inventaires des biens des ceppi des notaires.
Les auteurs du TERRIER
remarquent « qu’il n’y a que les
enfants des familles riches qui reçoivent quelque instruction. ».
Nous connaissons bien
ce qu’était l’école à BASTELICA grâce à l’ouvrage de PATACCHINI-PINELLI[2]
Il y a cinq écoles à
BASTELICA :
-Jean-François d’AZILONZ, médecin, enseigne le latin à 5
élèves sans rétribution déterminée.
-Le lecteur de philosophie des moines du Couvent enseigne
également le latin à 5 ou 6 élèves.
- Les jeunes moines, étudiants en
philosophie, enseignent à lire et à écrire à 30 ou 40 petits garçons, sans prix
fixe, se contentant de ce qu’on leur donne.
- Le Notaire, Paul-François BASTELICA, dirige une école
semblable à la précédente.*
- Baptiste de Francesco dirige également une classe
élémentaire sans autre rétribution que le pain hebdomadaire.
Ces maîtres sont
insuffisants, et il n’y a pas d’école de filles.
L’enseignement est
divisé en trois cours :
-
Les
SALTERIANTI : Cours élémentaire.
On apprend à lire sur
de petits livres vulgairement appelés SALTERO. Ce sont des recueils de psaumes.
On y tire les lettres
de l’alphabet et les combinaisons les plus simples de voyelles et de consonnes.
Quelques psaumes sont
destinés à servir comme premiers exercices de lecture en latin.
On y fait un peu de
calcul oral.
-
Les
LIBRANTI : Cours Moyen.
Ceux qui sont capables
de lire apprennent :
Ø
la DOTTRINELLA Abrégé du catéchisme
Ø
la CALEPINA, Dictionnaire Italien/latin
Ø
l’ABACO Arithmétique
-
Les
GRAMATICANTI Cours Supérieur.
Les élèves
approfondissent la grammaire.
La discipline est dure,
les punitions corporelles courantes avec l’usage de la férule.
Le financement des
écoles :
Etat de la Corse du 27
novembre 1773, Article 3 : La communauté qui a des revenus peut en
assigner une partie pour fournir un traitement aux maîtres d’école.
Dans les
autres communautés cette rémunération est laissée à la charge des parents.
Les taux
sont fixés. Chaque élève paiera :
-
Les
SALTERIANTI 2 décalitres de
blé chacun / An.
-
Les
LIBRANTI 4 décalitres
de blé chacun / An.
-
Les
GRAMATICANTI 6 décalitres de blé
chacun / An., plus un pain par semaine que chaque élève doit apporter chaque
lundi au maître d’école..
A l’occasion de
certaines fêtes (Noël, Carnaval, Pâques) il arrive que les écoliers fassent à
leurs maîtres des cadeaux en nature : vin, huile, fromage, œufs…