Aspects
de la vie sociale…| Le Mode de Vie | Mobilier, Vêtements
Si les notables ont
plus de facilités pour l’enseignement, leur mode de vie ne doit pas être très
différent de celui du peuple.
Toutes les maisons
(exception faite du manoir des COSTA) ont toutes le même aspect extérieur.
BIGOT [1]: « La
porte d’entrée est au midi, elle accède à une pièce au milieu de laquelle se
trouve le foyer ou « ziglia », qui donne
son nom à la salle ou chambre où il se trouve. Cette chambre, qui sert de lieu
de réunion de toute la famille et de salle à manger, a environ 25m2.
Au fond, en face de la porte, se trouve
une cloison en bois, parallèle au mur d’entrée. Elle est percée de deux portes
qui mènent dans deux petites chambres éclairées par une petite baie carrée et
sans fenêtre….. sous les chambres, est située la cave ou « cantina » contenant un tonneau
pour le vin, des outils, une place pour
le cochon domestique, et au fond du bois de chauffage….. Au-dessus des
chambres, le grenier. »
Tout est ordonné en
fonction du fait qu’il faut sécher les châtaignes
La pièce principale
comporte le « fucone », grand âtre central, carré, de
terre argileuse d’environ 1mètre, que la chaleur durcit et rend impénétrable.
De septembre à avril,
on y fait le feu, et la fumée s’élève vers le plafond en grillage (appelé
« grata ») au-dessus duquel
on met les châtaignes à sécher. Cette pratique empêche les murs de rester
blancs. L’intérieur de la maison est enfumé, les murs et les poutres sont
noirs.
On peut se faire une
idée précise du mobilier et du linge au 18ème siècle, grâce aux
constitutions de dots et aux inventaires des ceppi des notaires de BASTELICA.
9 Avril 1643 :. Inventaire des biens du caporal Paolo COSTA d’Alfero Geronimo |
8 paires de « linzoli » |
33 napperons divers |
20 napperons damas[2] |
2 nappes de damas |
12 napperons |
8 serviettes de main |
3 nappes « de lentio » |
3 « cosineri »
dont l’un est travaillé avec de l’or. |
6 draps pour la tête |
9 nappes de 9 bras et2/3 de notre
« bracci » de BASTELICA |
1 fusil |
1 couverture de soie rouge |
1 mousquet |
1 couverture de drap rouge |
1 petite couverture d’enfant en fil
d’or |
1 manteau d’enfant en fil d’or |
1 couverture de satin rouge |
25 octobre
1643 : dot d’Angela
Maria sœur de Salvadore. |
prix |
1 “scorsale”
d’étoffe rouge |
7 lires |
1 coiffe de soie rouge |
6 lires |
1 paire de « sciappi »
en soie |
6 lires |
1 « revertica »
de soie nègre |
5 lires |
1 « revertica »
en lin |
1 lire 4 soldes |
1 paire de bas |
4 lires 8 soldes |
1 pièce de toile blanche |
16
soldes |
1 justaucorps garni de manches |
25 lires 6 soldes |
28 pièces de toile |
|
24 août
1644 : Testament d’Argenta de Giuseppe |
1 marmite de bronze |
1 chaudron de cuivre |
2 faucilles |
1 soupière avec son couvercle |
1 « meddia » |
1 pétrin en châtaignier, avec un
compartiment servant d’armoire à linge |
1 buffet |
Il ressort de ces
éléments que le luxe est rare ou inconnu, le mobilier est rudimentaire.
BIGOT (pages 29à
33) « Rien n’est plus simple que le mobilier de nos
paysans et les familles des plus riches ont un ameublement tout à fait
primitif ; »
La plupart du temps,
les lits sont en châtaigniers, deux tréteaux de ce bois soutenant des planches
en sapin.
Les matelas sont
rarement en laine, plus souvent des paillasses de paille de maïs.
Les oreillers sont
remplis de plumes de poule.
Le berceau de l’enfant
est souvent agrémenté d’une peau de mouton pour le tenir bien au chaud.
Enfin, quelques coffres
pour le rangement du linge.
Le linge consiste en
pièces de toile corse de fabrication locale, mais aussi en toile importée
« damas ».
Le costume du berger
est très typique. Léonard de saint-Germain [3]
nous le décrit ainsi : « Grandes
guêtres de drap noir attachées sur le côté par des boutons de métal et des
rubans de couleurs voyantes, montant jusqu’au dessus
du genou.
La coiffure : bonnet pointu, noir en bas,
rouge au sommet, orné de velours et de rubans….Le berger se défend du froid en
s’abritant sous un « pelone » sorte de
manteau confectionné par la famille avec des poils de chèvre. Pas de coutures,
bien qu’il y ait un large capuchon, son épaisseur est de un centimètre, les
poils sont longs. Lorsqu’il pleut trop, le berger maintient le « pelone » droit au moyen d’un pieu qu’il fixe en terre,
puis il se met dessous. Ce vêtement est très solide, il résiste aux buissons,
aux pluies torrentielles et aux grands froids de la montagne.».
Jean-François
Goury de Champgrand[4], commissaire des
guerres, arrivé en Corse en 1739 écrit :
« Les femmes sont
vêtues presque uniformément dans toute l’Isle, à l’exception de quelques-unes
qui ont des habits et des coiffures à la mode française, on ne leur voit
d’autre habillement que la faldette qui est une espèce de jupe fort longue par
derrière et plissée, qu’elles relèvent dessus leur tête en forme de voile à peu
près comme les fayes
dans les pays de Liége en Brabant et ailleurs,
toutes sans exception des riches et des pauvres sont vêtues d’un bleu turque :
elles ont sous cette faldette une autre jupe aussi
bleue et fort plissée, sous laquelle elles mettent quatre ou cinq jupons de
diverses couleurs qui débordent l’un sur l’autre d’un travers de doigt pour
qu’on puisse les distinguer.
A l’égard de la
coiffure elles portent un petit bonnet en pointe par devant et de diverses
couleurs …
Dans les campagnes les
femmes y sont vêtues différemment suivant les pays : mais l’usage le plus
ordinaire pour les paysannes est qu’elles portent des justes et des jupes d’un
drap qu’elles font elles-mêmes avec la laine de leurs brebis et de leurs
chèvres qui, n’étant point mises à la teinture, est brune, comme le sont tous
leurs troupeaux »
BIGOT(pages
29 à 33) indique que : « la mère de famille porte des robes
d’indienne de couleur, et pour les jours de deuil ou de grandes cérémonies une
robe d’indienne noire. Les filles comme les mères sont coiffées d’un mouchoir,
les jours de fête il est en soie blanche, noire ou de couleur tranchante…..
Jusqu’à ce jour la simplicité a régné dans les
habitations comme dans les vêtements. »
Le notable n’a pas de
domestique car son épouse suffit aux tâches ménagères.
La condition de la
femme[5] aux
17ème et 18ème.
La femme doit être
laborieuse et soumise. Jusqu’à 25 ans, elle est considérée comme mineure
jusqu’à ce qu’elle se marie.
Sa condition est
inférieure à celle de son mari, mais son rôle de maîtresse de maison lui
confère une certaine autorité.
Dans les registres des
notaires, de nombreux actes sont le fait de DONNA qui remplace le mari, soit
parce qu’il n’est pas au village, soit parce qu’il est mort.
Elle peut donc jouer
dans des cas bien précis un rôle économique.
[1] Maximilien BIGOT : « Paysan Corse en
communauté : Berger, porcher des montagnes de BASTELICA, d’après les
renseignements recueillis sur les lieux en 1869. » BASTIA
1971 page:29
[2] damas : sorte de drap en fil d'or et d'argent
fabriqué à VENISE.
[3] Léonard de SaintGermain : « Itinéraire descriptif
et historique de la CORSE »
Paris 1869 pages 123/147 : mœurs et
coutumes de la pieve de BASTELICA
[4] Goury de CHAMPGRAND : «
Histoire de L’Isle de Corse », Nancy 1768
pp. 166-167
[5] Professeur GISTUCCI : « La condition de la femme à
BASTELICA vue à travers les proverbes et dictons » U Muntese n° 113 à 117