La Vie économique |
Les productions| Les produits agricoles| Les céréales
A cette époque, elles
composent la denrée de base, l’essentiel de la nourriture des populations avec
les châtaignes.
La rareté du numéraire
fait que le « grano » c’est-à-dire
le blé et l’orge, constitue également un moyen d’échange pour le commerce.
Elles servent à effectuer des paiements en nature.
Les méthodes de culture
sont rudimentaires, archaïques. Les conditions de travail sont mauvaises, à
cause de l’insalubrité des terres du littoral, où BASTELICA possède ses terres
à grains.
L’outillage est primitif.
Paul ARRIGHI[1] écrit à ce
sujet :
« Les araires
ne sont composés que d’un morceau de bois plat armé d’un soc par un de ses
bouts, Et de l’autre côté, seulement d’un manchereau
ou petit manche qui sert pour guider. Pas de roues. Ces charrues ne marchent
que par la force des bœufs qui les tirent et de l’homme qui les dirige. »
L’officier du régiment
de PICARDIE[2], note que les meilleures
terres produisent deux années de suite, et sont laissées au repos la troisième.
L’abbé GERMANES[3]
précise que la période de jachère peut durer 7 ou 8 ans.
Pour les engrais,
l’officier de PICARDIE cite les broussailles, les fausses herbes et les
aromates qui croissent dans les terres en friche, auxquelles on met le feu.
L’exploitation directe
et familiale prévaut, car la main d’œuvre manque.
Les méthodes de
travail :
BIGOT[4]
explique que « lorsque les prairies naturelles doivent être
renouvelées, parce que trop vieilles,on les défriche
et on les cultive pendant 3 ou 4 ans en pommes de terre, puis en céréales,
froment, ou plus rarement en seigle.
Ensuite on les abandonne à elles-mêmes, et elles
redeviennent des prairies, dans lesquelles domine le trèfle.
La culture des céréales
se fait sur un terrain vigoureux, accidenté, sans profondeur où la nature sauvage reprend ses droits dès que
l’homme cesse de la dompter.
La sole désignée est
cultivée trois ans de suite, puis abandonnée à elle-même jusqu’à ce soit écoulée
la période d’années après laquelle revient son tour.
Le terrain est
recouvert d’arbustes, de broussailles, d’herbes. Pour la préparer à recevoir la
semence, le travailleur coupe les arbustes jusqu’à la racine, et les branches
sont répandues sur le sol. Puis il met le feu aux broussailles et aux herbes.
Lorsque le feu a fait son office, le défricheur déracine les souches les plus
fortes, laboure avec ses bœufs, et si le sol est trop pierreux, il retourne la
terre et l’ensemence à la pioche. »
L’usage le plus souvent
est de donner ses terres en fermage ou « affito ».
Le fermier doit fournir les instruments aratoires et les animaux, tandis que le
propriétaire donne les locaux. Le fermier s’engage à maintenir en bon état la
propriété et à s’acquitter des redevances, payées annuellement en nature à
cause du manque de numéraire..
TABLEAU DES CONTATS D’AFFITO
à BASTELICA (D’après le registre des notaires de BASTELICA)
Date |
Terrain |
Propriétaire |
Fermier |
Animaux |
redevance |
23/12/1643 |
Chiose de CARAGNIELI |
Gio Andrea de TOFANO Gio Agno de Petro Paolo |
Lorenzo Andrea d’Alfero Petro-Paolo Anton Paolo Felippo d’Andrea Lorenzo de gio
Natale Stefano de gio
Michele Gieltuccio d’Andrea Giovanni de Francesco Piretto de Sampiero Gio Agno d’Antonetto Geronimo de Batista Giovanni de Salvino Gio Batista BIASINO De Batistino Dezio de Santino Gio Antonio Pietro de Simone Gio Antonio de Paolo Paoletto de Geronimo Gio Pietro Nicolao |
3 boeufs 1 vache 5 jeunes boeufs 2 chevaux 6 vaches 5 jeunes boeufs 3 paires de boeufs 1 jument 1 âne 1 cheval 6 vaches 2 petits bœufs 1 bœuf 3 vaches 3 bœufs 1 jument 1 boeuf 2 vaches 2 bœufs 2 chevaux 1 âne 1 jument 1 âne 2 boeufs 2 bœufs 1 vache 2 vaches 2 vaches 2 bœufs 2 chevaux 2 vaches 1 jument 1 âne 1 jument 1 âne 2 vaches 1cheval 1 jument 1cheval |
35 mezzini
d’orge |
20/02/1644 |
Toutes les terres ouvertes et communes de la plage
de TRICOLACCI |
Pinetto de Goglielmo Agostino de Gio
MARTINENGHI |
Gio Matteo de Benedetto Paolo de Luciano Giulio de TORNACONE |
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16 soldes |
23/06/1644 |
Chioso de TRICOLACCI |
Caporal Paolo COSTA |
Sampiero de Giacomo |
2 bœufs 1 jument 1 vache |
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23/12/1644 |
Tenuta di MINOCHI |
Dona Sirena |
Batistino de Paoletto |
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¼ des fruits |
2/05/1646 |
Chiso IL CAPELUTI A la plage |
Le Magnifique Matteo MARTINENGHI Du noble Gio Natale |
Alfero de Tofano Pietro de Batista Geronimo de gio Micheli |
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18 lires |
24/08/1709 |
La moitié d’un moulin au lieu-dit : TRUTACCI Pour 4 ans |
Gio Pietro d’Antonio |
Antonio et Francesco Frères et fils de Nicolao |
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La moitié des fruits de la moitié du
moulin |
15/02/1711 |
Le ¼ du chioso commun de SANTO appelé SANTOLANO à la plage |
Antoni de Gio
Filippo en compagnie de la Piu e maggiore parte delli homini de SANTO |
Gio Batista
de Lorenzo Gio Pietro de Domenico Gio Giuseppe d’Antonio Francesco de gio Domenico Nicolao de Geronimo |
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30 lires |
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Pour protéger ces
céréales, BATELICA, village type d’élevage, n’hésite pas à défendre ce qui fait
sa richesse, lorsque d’autres communautés d’éleveurs menacent ses terres à
grains.
Lors de la visite du
gouverneur AGOSTINO DE FRANCHI à AJACCIO du 3 au 18 juin 1687[5],
la communauté de BASTELICA présente une requête pour que les villages situés à
proximité de sa plage (ECCICA-SUARELLA, CAURO, OCCANA, TOLLA) tiennent leur
bétail éloigné des blés plantés par les bastélicais
jusqu’au 15 juillet, et pour que , dans la communauté même de BASTELICA, les
bêtes ne soient pas laissées en liberté du 1er octobre au 15
novembre, afin qu’elles n’endommagent pas les châtaignes, unique ressource de
tant de familles pauvres.
Dans les moments
difficiles où la communauté manque de grains, elle peut s’en faire prêter par
la province d’AJACCIO[6] :
Quantité d’orge fournie en janvier 1779 à BASTELICA : 150 mezzini
Montant de ladite orge à raison de 8 lires la mezzine
: 1260
Somme à rembourser en deux années :
630 lires en 1779, 630 lires en 1680
Quelquefois, ces prêts
en céréales sont demandés à des marchands du nord de l’île.
Ainsi en 1779-1780
BASTELICA a emprunté 1800 baccini d’orge aux
marchands VIATE de BASTIA. Elle doit payer 1980 lires et l’officier municipal
de la communauté doit prévenir les particuliers dont le noms ont été donnés sur
le document.[7]
(Marien ROSSI, Luciano
NUNZI, Antonio COSTA, Antonio FOLACCI, Domenico BIANQUI, Franceco
Antonio, Domenico GIORDANI)
Mémoire d’observation
sur l’état des différentes récoltes dans la province d’AJACCIO et sur les
besoins et remboursements qu’elle a du faire.
18 octobre 1779[8] :
« Une
population de 18.893 habitants de tout âge et une récolte en grains, châtaignes
et légumes de 81.622 mezzini, soit 4 mezzini 1/3 de
subsistance pour chaque individu. Comme il fau
calculer leur consommation à 5 mezzini, il en résulte
que pour compléter leur subsistance, il manque 2/3 de mezzini
par individu et ainsi, il y a déficit d’un mois et demi pour une année, en
comprenant les légumes, châtaigne et le maïs dans la classe des grains,
quoiqu’ils ne produisent pas le même effet.
Mais comme une grande
partie du peuple pendant une certaine saison de l’année, se nourrit de fruits
verts, de laitages et de légumes verts, cela pourrait à peu près compenser le
déficit qui se trouve en subsistance……
Il n’y a pas de
proportion entre le produit de l’orge et du blé. La première de ces deux
espèces de grains aurait du faire le triple du
produit du blé, si la récolte n’avait pas été généralement manquée. Quant au blé, on s’apercevra que le produit
de la récolte n’a pas été absolument ingrat et qu’il en existe une quantité
suffisante.
Il convient d’insister
sur le remboursement du blé de semence qui a été fourni au commencement de la
présente année. 1300 mezzini environ, cela n’est pas
bien préjudiciable sur la masse totale
qui a été recueillie, parce que la charge précisément ne tombe que sur les
communautés qui ont recueilli du blé, à l’exception de quelques
unes d’entre elles auxquelles il conviendra de laisser la ressource de
ce grain pour cette année encore.
La récolte en orge aura
été mauvaise. Il est impraticable que les communautés fassent le paiement de la
moitié des secours qui leur a été fourni au début de l’année……
Il serait possible que
le peuple subsistât au moyen de son industrie et sna
le secours de subsistance, et uniquement par les avances dont il a besoin pour
les ensemencements. »
[1] Paul ARRIGHI : « la vie quotidienne en CORSE au XVIIème siècle » PARIS 1970 page 165
[2] « Mémoire d’un officier du régiment de PICARDIE » BSSHNC 1889 page 164
[3] Abbé GERMANES : « Histoire des révolutions de la CORSE » PARIS 1771-1776
[4] Maximilien BIGOT : « Paysan Corse en communauté : Berger, porcher des montagnes de BASTELICA, d’après les renseignements recueillis sur les lieux en 1869. » BASTIA 1971 page 58
[5] Série C : Fonds des « atti fatti in visita » C 35
[6] Intendance : C61
[7] Intendance : C60
[8] Intendance : C62