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châtaigniers
Particulièrement
importants pour la communauté de BASTELICA qui a juste assez de céréales pour
sa consommation. Dans les ceppi de notaires les
« opérations » réalisées sur les châtaigniers sont aussi nombreuses
que celles sur les terres ou le bétail.
La châtaigne est la
base de l’alimentation des hommes, et ne demande pas de soins. L’officier de
PICARDIE[1] indique
que « la grande abondance de châtaignes qu’ils recueillent sans peine
et sans culture les dispense de travailler la terre » et permet
d’entretenir quelques cochons.
GENES s’est efforcée
d’en multiplier les plantations. La vente des châtaignes ‘effectue au niveau
local. Sa récolte est rendue difficile par le manque de main d’œuvre. Chacun
tend à faire sa récolte soi-même ou avec l’aide de sa famille.
BIGOT[2]
explique que la récolte a lieu du 25 octobre au 20 novembre. « Durant cette période, chaque matin,
hommes, femmes et enfants se répandent dans les châtaigneraies pour ramasser
les fruits tombés pendant la nuit…. Chaque famille exporte son excédant de
châtaignes fraîches ou sèches pour l’échanger contre du blé dans les pays
voisins. »
Mais certains donnent
les châtaigniers « a coglienda » et
partagent le revenu avec ceux qui en font le ramassage. Le propriétaire fixe la
quantité de châtaignes qu’il veut retirer de ses arbres, le reste revient au
preneur.
La vente des châtaignes
ne se fait pas seulement dans le cafre de la
communauté, mais on en achemine à la vile voisine ou dans les plages les plus
proches.
Comment sont-elles
conservées ?
C’est lié à la
situation des maisons. La plupart sont bâties sur un terrain incliné de telle
sorte que le côté sud forme un rez-de-chaussée servant de cave, alors que le
premier étage s’ouvre côté nord de plain pied avec le
sol. Les châtaignes sont séchées sur un foyer puis comme le raconte BIGOT (page
60) :
« Un homme
ou une femme met, dans une petite caisse
une certaine quantité de châtaignes et piétine dessus nu-pieds, jusqu’à ce que
la châtaigne devienne blanche. » Puis elles sont réduites en farine
grâce au moulin que fait tourner le PRUNELLI.
Ainsi les châtaigniers
fournissent le pain et la monnaie d’échange tout en assurant l’élevage. Ils
procurent aussi un bois excellent et déterminent un habitat spécifique.
BLANQUI[3]
dénonce son rôle négatif : « Le châtaignier n’a pas moins
contribué à maintenir des habitudes stationnaire au pays. On se borne à
cueillir les fruits nombreux qu’il donne…. Les habitants des cantons où il
prédomine se sont accoutumés à vivre presque uniquement de châtaignes…. Cet
arbre est devenu leur providence. »
On comprend que leur
possession donne souvent lieu à des conflits sans, merci.
Ainsi le 23 novembre
1792[4],
le citoyen Michel MUSCHI du village de BASTELICA présente un mémoire qui prouve
que comme héritier de feu Dominique MUSCHI du lieu-dit, il a depuis plusieurs
années joui et possédé paisiblement les châtaigniers situés au lieu-dit FAJETO.
Mais, malgré cela il a appris qu’un procès-verbal du 29 octobre 1791, le
directoire du district d’AJACCIO a compris les châtaigniers dans la vente
d’autres biens passés au citoyen André RAMACINO et ses associés tous de
BASTELICA. Il demande donc que lesdits châtaigniers soient disjoints de ladite
vente.
[1] « Mémoire d’un officier du régiment de PICARDIE » BSSHNC 1889 Page 164
[2] Maximilien BIGOT : « Paysan Corse en communauté : Berger, porcher des montagnes de BASTELICA, d’après les renseignements recueillis sur les lieux en 1869. » BASTIA 1971 Page 5
[3] M. BLANQUI : « Rapport sur l’état économique et moral de la CORSE en 1838 » PARIS 1843 Page 35
[4] Archives municipales : Q185