La Vie économique|
Le Terroir | Politique et économie |
GENES
GENES : la
république, à partir de la deuxième moitié du XVIIème s’est attachée à la mise
en culture de la Corse en favorisant les céréales et l’arboriculture au
détriment de l’élevage. Cette politique qui lui est dictée par ses besoins
personnels : au XVIème elle a perdu son empire maritime et sa dernière
possession CHIO lui fut enlevée en 1566 ; sa seule colonie désormais est
la Corse. Peut-être n’aurait-elle pas essayée de la mettre en valeur si, comme
tous les états méditerranéens, elle n’avait éprouvé la hantise de son
approvisionnement en blé. Elle est ainsi subordonnée à la France, à l’Espagne
et aux turcs qui restreignent systématiquement leurs exportations au gré de la
politique : la Corse, grâce à sa riche plaine orientale devient précieuse[1].
GENES va orienter sa
politique économique dans deux directions :
- Développement de l’arboriculture ; on oblige les
particuliers et les communautés à procéder à la plantation d’arbres de toutes
sortes surtout des arbres fruitiers.
- Défrichement et
terres gagnée à la culture : cette politique vise à multiplier les terres
enclavées.
Cette politique
favorable à l’agriculture va à l’encontre des intérêts de l’élevage.
Interdiction au bétail de pacager dans les châtaigneraies dès que les fruits
commencent à tomber jusqu’au 10 novembre sous peine d’amende. Le libre parcours
des oliveraies est interdit au menu bétail. Accès des plantations d’arbres
fruitiers et de vignes interdits aux chèvres. Les brebis ne peuvent pénétrer
dans les CIRCOLI sans la permission écrite des pères du commun. Les bovins,
chevaux et ânes non gardés, sauvages, peuvent être abattus par celui qui les
trouve sur les terres cultivées dans lesquelles il a un intérêt. On peut tenir
librement les animaux sur les terres ouvertes non appropriées par la
communauté. Les bœufs doivent être gardés dans les champs du début novembre à
fin juillet. Les porcs tenus à proximité des maisons doivent porter un collier
approprié. Les troupeaux de porcs ne peuvent rester dans les champs semés ni
dans les vignes ni dans les fossés soumis aux assèchements du terrain ;
ils ne peuvent aller dans les châtaigniers, oliviers, amandiers, sans la
permission du propriétaire.
Toutes ces restrictions
s’accompagnent d’amendes pour les coupables et de dédommagements pour les
gardiens. Cependant GENES est bien obligée de prendre quelques mesures en
faveur de l’élevage : ordre de donner aux communauté de stocker de la
paille, et de faire des réserves de feuillages. Mais ces mesures de détail,
dont il est difficile de mesurer la réelle portée ne parviennent pas à masquer
la politique résolument "anti-pastorale" de l’état génois.
Les intentions de cette
politique sont claires : transformer une économie à prédominance pastorale
en une économie à prépondérance agricole, et orienter, suivant le système colonial,
l’économie de l’île vers l’exportation de produits dont GENES a besoin.
Mais échec dans le delà
des Monts, où l’économie reste pastorale. C’est ainsi que la ville d’AJACCIO
n’arrive pas à s’approvisionner en blé et en huile dans son arrière-pays.
Les communautés
montagnardes, restées à l’écart du mouvement de mise en culture, ne sont guère
ouvertes au monde extérieur.
Les mesures économiques
de GENES qui accordent la primauté aux cultures sur l’élevage ont été
poursuivies à l’époque française.
.
[1] Pour ce problème, voir :
F. ETTORI : « Inféodation et mise en culture des plaines corses aux 16ème -17ème » dans Etudes Corses n° 6
« Emphytéotes et fermiers du domaine public au 18ème » dans Etudes Corses n°9